C’est en date du 01/05/1966 que l’aventure de « Jéromba le grec » sort en album dans sa version française.  Si initialement, il est encore proposé en bichromie, il ne faudra attendre qu’une petite année pour que la première version couleur lui succède.  Cette histoire, très largement influencée par le film à grand succès  « ZORBA, le Grec », avec Anthony QUEEN,  montre, si cela est encore nécessaire, combien l’actualité du moment influence le maître dans la construction de ses intrigues. 

De plus, Willy VANDERSTEEN est un très grand amateur de bons films et est un fan, entre autre, du personnage de James BOND (dont seulement quatre films sont sortis à l’époque) et du milieu de l’espionnage et du contre-espionnage.  C’est donc  sur base d’une forte influence cinématographique que cette 72^èmeaventure sera échafaudée.  Et tout sera fait de façon judicieuse et pertinente.  Ainsi, le choix de situer une bonne partie de l’intrigue à Istanbul  reflète l’influence du dernier volet de l’agent 007, « Bons baisers de Russie ».  Un décor qui permettra au maître de donner, tout au long de l’album, une touche d’exotisme.

Il profitera de cette aventure pour mettre en relief la rivalité ancestrale qui oppose les Turcs et les Grecs et qui s’axe, comme c’est malheureusement trop souvent le cas, à un conflit de religion.  En effet, si les Turcs sont de confession musulmane, les grecs sont des orthodoxes.  Willy VANDERSTEEN va donc profiter de ce terreau fertile pour faire évoluer son intrigue.  Les valeurs ancrées dans les aventures de Bob et Bobette doivent rester des valeurs nobles.  Et donc, à la fin de l’aventure, Vandersteen  va faire passer un message de paix, essayant à sa façon de faire comprendre que, quelque soient nos différences ou notre religion, nous sommes tous égaux.  Dans le contexte que nous vivons aujourd’hui, cet album prend à lui tout seul, un sens existentiel fort. 

RENOUER AVEC D’ANCIENS PERSONNAGES

Il est toujours très intéressant de faire revivre d’anciens personnages.  Cela donne une profondeur à l’univers de nos héros.  Les grands noms de la bande dessinée, comme Hergé, Franquin et Jacobs le font.  Willy Vandersteen ne fera pas l’exception.  Dans de nombreux albums, il n’hésitera pas à faire revivre, le temps d’une aventure, des personnages qui étaient restés dans l’ombre quelques années. Dans cette aventure, il renoue avec des personnages rencontrés dans le Cygne noir, comme LASIDO.  

UNE INTRIGUE COMME ON EN A PLUS DEPUIS FORT LONGTEMPS

Dans les années soixante, Vandersteen va offrir aux lecteurs des albums bien équilibrés, et des intrigues bien construites.  Il s’est créé, depuis son passage au journal TINTIN, une nouvelle méthode de travail qui fait mouche.  Si le côté farfelu du début de la saga finit par s’étioler, les nouvelles aventures de Bob et Bobette vont se revêtir de nouvelles qualités significatives, qui depuis quelques années manquent cruellement dans les derniers albums des années 2010.  Bien que la productivité soit essentielle au studio Vandersteen, on note durant toute cette période, un découpage intéressant de l’intrigue,  et un soin dans les décors et les couleurs.  La saga « Bob et Bobette » est destinée maintenant à un public international et pour séduire un tel public, il faut adopter de nouvelles techniques.  Vandersteen, une fois encore relèvera le défi avec le succès. 

L’HISTOIRE

L’histoire commence par une brumeuse soirée d’automne.  Nos amis ont été invités au château du professeur Barabas.  Alors qu’ils sont pratiquement arrivés, Lambique, qui conduit la voiture braque brusquement, se prend les escaliers car ce qu’il a vu dépasse son entendement.  Il saute hors de la voiture, monte quatre à quatre les marches et découvre au sommet des escaliers, une version de 20 cm du professeur Barabas qui semble vivante et animée.

Mais tous ses amis ne le prennent pas au sérieux.  Toujours un peu sous le choc, Lambique s’installe près de la cheminée où un feu se consume dans la cheminée.  Alors que Barabas par chercher un whisky pour son ami, Lambique revoit la version miniaturisée de Barabas qui passe en courant.  Bondissant pour l’attraper, il fait tomber le véritable professeur Barabas qui venait lui servir un whisky.  Lambique est encore plus retourné.  Pour calmer l’atmosphère, tout le monde décide alors d’aller se coucher.  Mais alors que Bob et Bobette arrivent à hauteur du bureau de Barabas, celui-ci est ouvert.  Mais le professeur arrive in extrémis pour les empêcher d’entrer dans son bureau.  Durant la nuit, Bobette qui ne parvient pas à trouver le sommeil, décide de retourner dans le bureau du professeur mais n’y découvre que des transitoires.  Déçue, elle décide d’aller se recoucher.   Mais durant cette même nuit, c’est Sidonie qui, cette fois,  voit sur sa table de nuit une version d’elle pas plus haute que 20 cm.  Alors que Sidonie pique sa crise, le professeur Barabas, une télécommande à la main, décide d’expliquer à nos amis les résultats de ses dernières recherches : de petites poupées télécommandées qui sont à l’image de chacun de nos amis.  Mais alors que Lambique a pris en main la poupée à l’image de Sidonie, Il se prend les pieds dans le tapis des escaliers et s’écrase sur la télécommande de la poupée « Sidonette ».  Avec l’émetteur brisé, la poupée risque de faire des siennes.  Jérôme décide donc de la poursuivre.  Il parvient à la récupérer, et va boire une bière au bistro et y fait la rencontre de Kémal, un turc pour le moins exubérant. 

C’est alors qu’une bande de bandits pénètrent dans le château du professeur et sous la menace de leurs armes réclament de cimeterre.  Mais Bob et Bobette parviennent à les faire fuir.  Quinze jours se passent et la police informe le professeur Barabas que Jérôme a débarqué à Istanbul mais est toujours amnésique.  Nos amis décident de partir pour Istanbul …