C’est en janvier 1975 que l’album de cette aventure, le numéro 153 de la collection rouge, est proposé en librairie. Comme toujours en Flandre, une prépublication a été proposée du 14 mars 1974 au 24 juillet 1974 dans le journal « De Standaard ».
UN ALBUM SOIGNE
Lorsque les aventures de Bob et Bobette étaient encore dessinées et scénarisées par Willy Vandersteen, il n’était pas rare que certaines intrigues se passent dans des pays exotiques. Un album tel que « Le cercle d’or » en est le parfait exemple. Mais il y en a d’autres, comme « Le Sampan mystérieux », ou encore « Le casque Tartare ».
Willy Vandersteen était un grand amateur de voyages. Ceux-ci ont donc inspiré pas mal d’aventures de ses héros. Mais de la part de Paul Geerts, il s’agit d’une nouveauté. Comme nous aimons à le répéter au fil de nos fiches, lorsque Geerts reprend la série, il décide de la rafraichir en l’ancrant en prise directe avec le monde et l’actualité et laissant derrière lui le côté farfelu et loufoque si spécifique à Vandersteen. Ses précédentes intrigues ne se passent pas des contrées lointaines et exotiques (1).
Quelle est donc la raison de ce changement de décor ?
En fait, c’est Vandersteen qui va proposer le thème géographique de cette nouvelle histoire à son alter égo. En effet, au cours d’un de ses nombreux voyages, Vandersteen a visité l’île de Komodo en Indonésie. Pour s’y rendre il avait dû faire usage de longues pirogues typiques. C’est sur cette île aux dragons, qu’il va découvrir le repère des varans du Komodo. Ces lézards géants, vestiges de l’époque des dinosaures, peuvent mesurer jusqu’à 6 mètres de long et présentent encore des caractéristiques des grands sauriens du crétacé.
Lorsque le varan est en pleine digestion et allongé au soleil, il peut paraître tout à fait inoffensif. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Le varan est un redoutable chasseur. Et malgré leur pseudo somnolence il peuvent en une fraction de seconde atteindre leur vitesse optimale de 20 km/h. De plus, la salive du varan est un véritable nid à bactéries. Une simple morsure qui n’est pas traitée rapidement peut mener à la septicémie. Il secrète également du venin qui provoque des hémorragies et empêche la cicatrisation comme le montre cette vidéo de la CBS.
UNE DECOUVERTE NEERLANDAISE
Les dragons de Komodo sont connus depuis toujours par les habitants de l’île de Komodo. Mais la découverte de ce « monstre » par les occidentaux ne remonte qu’au début du 20èmesiècle et se fera par deux pêcheurs de perles néerlandais. En 1910, c’est le lieutenant Van Steyn Hensbroek, de l’administration coloniale néerlandaise qui rapporte les rumeurs de ce « crocodile terrestre ». Par la suite, cette découverte va entrainer l’organisation d’une mission scientifique par W. Douglas Burden qui en reviendra avec douze spécimens préservés et deux animaux vivants. C’est cette expédition qui sera la source de l’inspiration du film King-Kong en 1933. En 1969, Walter Auffenberg et sa famille s’installent pour une année sur l’île de Komodo afin d’y étudier l’animal dans son habitat naturel. Pas étonnant dès lors que Vandersteen, curieux de tout s’y soit intéressé.
UN SENS DU DETAIL
Cette 87èmeaventure de Bob et Bobette démontre, si c’est encore nécessaire, de la grande maîtrise de Paul Geerts dans la reprise des personnages du maître. Il fait évoluer les personnages de façon très subtile dans leur univers et ce malgré les changements dans l’évolution de leurs nouvelles intrigues plus réalistes. La qualité graphique de l’album montre, une fois encore, qu’un important travail de recherche a été fait. Costumes, temples, palais, faune et flore. Tout a été bien dosé pour faire de cette aventure un album de bonne mouture.